mercredi 19 décembre 2007

Indochine 4 (05-09/12)

Pres de 2 mois apres mon retour a Mae Sot, j’ai profite de deux jours de conge pour repartir au Laos, dernier pays qui me restait a visiter pour restituer dans mon esprit l’Indochine du temps de la colonisation francaise.

Dix heures de car pour traverser la Thailande d’ouest en est jusqu’a Udon Thani, chef-lieu regional a une centaine de bornes de la frontiere; et encore une heure jusqu’a Nong Khai et le Friendship bridge qui rejoint les deux pays audessus du Mekong.

La moitie du trajet jusqu’a Luang Prabang en fait, que je ne terminerai qu’apres une nuit a Vientiane.

Deux heures passees a accomplir les formalites de douanes, et je foule enfin le sol lao. Une multitude de rabateurs se ruent sur moi, mais j’attends que d’autres touristes rappliquent afin de partager un taxi jusqu’au centre. Un backpacker thai d’une trentaine d’annees pointe son nez, et c’est parti. Pour 100 bahts (2 euro) chacun une vieille mercedes des annees 60 nous menera a bon port.

Nous decidons de prendre le petit dejeuner tous les deux et faisons meme un bout de visite ensemble.


Il s’appelle Guss (tout le monde a un “nick name” en Thailande), et vend du materiel hospitalier a Bangkok.

Vers 13h, Guss me quitte pour prendre un bus vers Vang Vieng, ou il passera la nuit avant de rejoindre Luang Prabang. Salut; nous nous recroiserons certainement la-bas.

La ville de Vientiane a un certain charme, les batiments se tiennent a hauteur d’homme et malgre l’austerite de certains edifices officiels, l’architecture generale est plaisante.


On sent un air familier, et l’odeur du pain frais aidant, on se represente avec nostalgie un temps oublie ou des jeunes gens vetus de leur uniforme colonial siroptaient un petit jaune a la terasse d’un café faisant face au Mekong.


Le coucher de soleil me berce de ses teintes dilluees et je me prepare a mon voyage du lendemain en me couchant de bonheur.

A 6h15 je suis a la gare routiere, pret a affronter les 9 heures de car qui me restent a parcourir jusqu’a Luang Prabang. Je suis tellement excite a l’idee de decouvrire la ville dont tout le monde me parle depuis si longtemps, et fascine par les paysages magnificients que nous traversons, que les minutes s’ecoulent sans que je m’en appercoive.


Nous y sommes enfin, il est 16h30. Je fais un tour du centre pour trouver "La Guest House" qui’il me faut, et les rues en sont encombrees, ainsi que de farangs part ailleurs.

A mesure que j’arpente les ruelles qui constituent le gros de la ville, je note que les batiments temoignent d’une protection active du patrimoine. Mais je suis surtout impressionne par le nombre de jeunes gens a sac a dos. La ville en est litteralement envahie.


J’ai enfin trouve et me rejouis de la douche chaude dont je ne manquerai pas de savourer chaque goutte.

- J’ai peur tout d’un coup que depuis quelques semaines, mon blog ressemble plus a un guide de voyage qu’a un compte rendu de mon service de volontariat. Tant mieux pour ceux que cela aidera a plannifier leur future decouverte de l’Asie du Sud-Est, et apres tout il s’agit bien d’une partie de ce que je vis ici.. –

Le soir meme je tombe sur Guss, avec qui nous dinons dans un resto typique. Mon plat est decevant mais je suis enchante par sa proposition de l'accompagner, lui et des amis thais, jusqu'a une chute d'eau a quelques bornes de la ville.

La chute d’eau est magnifique, mais trop de gens s’y baignent et je decide de suivre une fleche indiquant une grotte un peu plus loin. Je passe un gros trou dans lequel je n’ose pas mettre la tete et continue le chemin qui grimpe au sommet de la colline. Une petite dizaine de minutes plus loin, un escalier “maison” descend abruptement vers un bruit familier, de l’eau qui se deverse avec puissance.


Je descend et me retrouve tout seul dans une sorte de hameau au milieu de la foret vierge, ou de l’eau jaillit de toute la vegetation. Je remercie le Seigneur de m’avoir fait decouvrire cet endroit merveilleux, me trempe et reste immobile quelque temps.

Seul le bruit de l’eau vient nourrire mon esprit. J’aimerais rester des siecles, mais je sens que les autres m’attendent.


En conclusion d’un sejour marathon, je profite de ma derniere journee pour manger un bon steak dans un café francais et finir mon bouquin dans le jardin d’un hotel de charme avec un crumble creole, les doigts de pieds en eventail, vers le Mekong.

jeudi 13 décembre 2007

Indochine 3 (14-23/10)


De Hue, je suis descendu jusqu’a China Beach, a quelques kilomètres de Danang, grande ville balnéaire du centre du Vietnam.

C’est un bus public que j’empruntai pour l’occasion, ravi de faire l’economie de quelques milliers de dongs et prêt a partager le moyen de transport local.
J’arrivai a la station de bus en courant sous une pluie qui commençait tout juste de battre. Le bus partait dans deux minutes, le temps de payer au guichet, il m’attend devant la porte. Sauf. Il démarre quelques minutes plus tard mais avance a une vitesse constante de 10 km/h pendant un bon quart d’heure.

Ne vous y trompez pas, le bus est tout ce qu’il y a de plus évidemment moderne, et il ne fait aucun doute qu’il puisse vadrouiller au delà même des 100 km/h, seulement il n’est pas plein. Nous n’irons pas plus vite tant qu’il y aura des strapontins a combler entre les rangées de sièges. Et effectivement, un demi-heure plus tard je dois tenir mon sac sur les genoux pour laisser la place aux voyageurs qui ne cessent de monter.

J’espérais pouvoir surfer, peut-etre, l’un des rares spots de la mer de Chine. Mais le temps ne s’y prêtait pas. Des vents violents m’encouragèrent a reprendre la route en compagnie de trois australiennes a destination de Hoi An.


Petit hameau d’un autre temps a quelques kilomètres au sud de Danang, Hoi An est une destination chérie des touristes. Il faut dire qu’elles sont charmantes les maisonnées qui bordent les trois rues qui en constituent le noyau.

Cependant il ne cesse pas de pleuvoir et la rivière qui longe la ville commence de déborder. Je décide de remonter vers Danang ou je prendrai le train jusqu’a Nha Trang. J’apprendrai plus tard que des inondations dans la région de Hoi An ont fait de nombreux dégâts.


A Nha Trang, je souffre d’un torticolis et garde le plus souvent la chambre. La cote est belle, et la plage de sable fin, mais les constructions massives qui se dressent sur les bords de plages colonises leurs font de l’ombre.


Mon mal m’amène a préférer les balades citadines aux vents marins et d’ailleurs, j’aime mieux le chemin que j’emprunte jusqu’a la Cathédrale, hissée sur un promontoire au centre de la ville, que celui qui mène aux restaurants de plage.



Mon séjour touche a sa fin, et pour terminer en beauté, j’ai rendez-vous avec les volontaires de Saigon a Mui Ne, nouveau trajet de pres de quatre heures de car.


La plage est plus belle qu’a Nha Trang, et plus sauvage aussi. Les dunes qui contribuent a y former un microclimat doux et ensoleille me rappellent les Landes.


Nous passons deux jours très agréables a vadrouiller en moto et se dorer au soleil avant de prendre la route vers Saigon ou je dormirai une nuit avant de m’en retourner vers Phnom Penh, puis Bangkok et Mae Sot.

vendredi 9 novembre 2007

Indochine 2 (12-14/10)


Le train de nuit que je pris de Saigon a Hue est en fait, aussi un train de jour. En effet, il met 17 heures pour rejoindre la ville impériale depuis HCMV (Ho Chi Minh Ville). Compter encore une quinzaine d’heures jusqu’a Hanoi.

J’arrivai donc a Hue le 13 en fin d’apres-midi. Il était important pour moi d’y être avant la nuit afin de pouvoir me réveiller a 2 heures du matin pour voir le 15 de France plier face aux Anglais. Je dois avouer que me recoucher abattu, a 4h, la gorge serrée d’amertume, fait parti des souvenirs que j’aimerais ne pas garder trop longtemps en mémoire.

Une courte nuit me dédommageai de la déception, sinon du sommeil perdu, et je partis a la rencontre de la ville impériale plein d’un enthousiasme fatigue.

Sur mon chemin je rencontrai un guide parlant le français qui m’offrit un petit remontant dans ce qui ressemblait plus a une vieille pharmacie des années 50, qu’au PMU du coin. Nous convînmes de nous retrouver pour le déjeuner au bord de la rivière.

Deux heures durant, je visitai la cite interdite, rêvant de voir se dresser les vestiges des bâtiments impériaux, fiers a nouveau, et prêts a accueillir les pas des Grands de Cochinchine, du Golfe du Tonkin et de Chine même.


A la vue de certains édifices demeures quasiment intacts, ou adroitement rénovés, je ne pouvais m’empêcher de voir le drapeau rouge hanter de son ombre ces lieux d’un autre temps.
Le guide me dit que le nord du pays est beaucoup plus communiste que le sud. Les gens y sont d’après lui de fieffes menteurs qui sont miels devant vous, et vinaigre derrière votre dos. De toute manière je n’ai pas le temps d’aller plus au nord.


Commence alors mon voyage retour le long de la cote, jusqu’a Saigon.

vendredi 2 novembre 2007

Indochine 1 (09-12/10)


Après deux jours d’activités administratives a Bangkok, j’ai pris l’avion le 9 octobre pour Phnom Penh ou je suis reste une nuit chez les volontaires MEP (Missions Étrangères de Paris). Le lendemain j’ai passe le matin a visiter la ville avant d’accompagner un volontaire sur son lieu de mission: une communauté catholique vietnamienne sur les bords du Mekong. (voir article “Sur les bords du Mekong”)
Une rivière qui me faisait rêver avant que je ne la découvre. Elle a perdu son caractère mystérieux aujourd’hui, mais ne cesse pas d’évoquer des paysages romantiques a mon esprit, amateur il est vrai de lieux a consonances romanesques.


Le lendemain je prenais déjà un car pour Saigon ou je logeai une nuit. Il commença a pleuvoir en fin d’apres-midi, après que nous eûmes passer la frontière sans encombres (30$ le visa). Nous sommes arrives de nuit, sous des trombes d’eau, dans le quartier ou logent les touristes.
Le temps de prendre une douche, les rues s’étendaient devant moi sous une trentaine de centimètres d’eau.

Après une bonne nuit de sommeil je parcourus le district 1, appelé Saigon (la ville ayant pour nom officiel Ho Chi Minh Ville), ou j’écumai les musées et autres attractions touristiques. Cette partie de la ville m’a paru agréable. Cependant elle ne représente qu’une infime partie de la megapole et ne permet de s’en faire qu’une vague idee.


Quelques bâtiments coloniaux jouxtent des édifices plus austères et de vastes places meublent le parcours piéton que propose le guide Lonely Planet du Vietnam.


Des cyclos ne cessent de nous haranguer en un anglais adroit, carnet de références de touristes satisfaits a l’appui, ils désespèrent de nous faire découvrir la ville par leurs yeux aguerris.

Comme je ne parvins pas a joindre les volontaires le jour même, je décidai de prendre le train de nuit pour Hue, au centre du pays.
(Suite a venir)

mercredi 31 octobre 2007

Death ride in Saigon

Non ce n'est pas le titre du dernier Tarantino, mais d'un petit film a vocation culturelle et caractere comparatif.

Sur les bords du Mekong


Depuis près de 20 ans que cette communauté vietnamienne habite une rive du grand fleuve, a proximité de Phnom Penh.

20 ans qu’ils ont fui leur pays a la recherche d’une existence plus clémente. 20 ans qu’ils tentent tant bien que mal de se faire accepter par leurs hôtes. Mais les khmers entretiennent une profonde désaffection pour leur encombrants voisins, qui n’ont cessé au cours des siècles de leur disputer leur territoire.



Laurent travaille avec 4 différentes communautés vietnamiennes au Cambodge. Bien qu’il aie ses affaires ici, a proximité de Phnom Penh, il a un véhicule a disposition qui lui permet de se déplacer dans les autres en fonction des besoins.


Il ne s’agit pas la de son poste initial, mais la gestion d’une école de tissage ne correspondant pas a ses compétences, un couple de volontaires l’a remplacé, lui permettant de partir a la recherche d’une nouvelle mission.

Nous avons fait parti de la même session de formation rue du Bac. A l’époque déjà nous nous proposions de nous rendre visite. Des que j’en eus l’occasion, je n’hésitai pas de le retrouver et suis enchante d’avoir pu le voir sur son lieu de mission, qui a peu de chose a voir avec mon pensionnat anglais…

mardi 30 octobre 2007

A la decouverte de l'Indochine

Je ne le voyais d’abord pas comme tel, mais a force d’y réfléchir, j’ai compris que c’était bien de cela qu’il s’agissait. En partant au Cambodge et au Vietnam a l’occasion des vacances scolaires de fin de semestre, je partais comme en pèlerinage sur les terres de l’Empire déchu.

C’est une remarque d’un guide vietnamien, francophone et /phile, comme il aime a le dire, qui m’a permis de réaliser la véritable motivation de mon séjour: “Souvent, les français qui viennent ici se comportent en colonisateurs”. A l’évidence il ne s’agit pas la d’un compliment.

Néanmoins, je compris alors que moi aussi j’étais venu trouve un morceau de France en Cochinchine. Nostalgie d’une époque que ma génération ne connaît que d’après la relation historique de la débâcle française a Dien Bien Phu. Séjour sur les traces d’une utopie obsolète, dont le souvenir est aujourd’hui encore rempli d’amertume.




Alors on rencontre avec plaisir des bâtiments de facture classique, on s’étonne de découvrir des reproductions de monuments familiers, et se félicite que les vietnamiens, comme les cambodgiens, aient eu la bonne idee de continuer a compter le pain parmi les aliments de leur régime quotidien.





Pendant près de deux semaines donc, je suis parti a la recherche d’une France qui n’existe plus. J’en trouvai des vestiges qui me conduirent a m’interroger sur les Vietnam et Cambodge d’avant la colonisation, alors vierges encore des dérives idéologiques dont ils peinent a s’extirper.

jeudi 13 septembre 2007

Les karens

Enfin me direz-vous. Il tient enfin sa promesse de nous parler du peuple karen dont on sait si peu de choses. Cependant je n’en sais pas beaucoup plus et ne pourrais vous donner pour l’instant qu’un aperçu sommaire.
Les lecteurs assidus se souviendront de l’épisode de la cuite a Winamyeh (les autres peuvent consulter les archives), première relation que je fis d’une spécificité de la culture karen, peuple accueillant entre tous comme vous avez pu vous en rendre compte.
Bien qu’ils admettent franchement faire appel aux vertus fraternelles du partage en état d’ébriété, sachez que l’hospitalité des karens ne s’arrête pas aux rites d’initiation éthylique. Toujours prêts a recevoir des invites, on prendra rarement un karen en défaut.
Quand bien même il ne serait pas parvenu a vous avoir a sa table avant son voisin, qu’a cela ne tienne, vous en serez quitte pour un second (ou deuxième) repas chez lui, une fois le premier termine (certains jours de fêtes, le père Alain Bourdery, missionnaire auprès des karens, mangerait jusqu’a cinq repas…).
Quelques informations sérieuses tout de même: les karens viennent de Birmanie, vivent entre la Thailande et le Myanmar et constituent près de la moitie de la population des tribus montagnardes. Ils sont monogames, animistes, chrétiens ou bouddhistes, arborent fièrement d’épaisses tuniques a col en V de couleurs variées (blanches pour les femmes célibataires), et vivent pour la plupart de la culture du riz.


Je ne parlerai pas de la situation des karens au Myanmar, car je ne la connais pas assez bien, mais sachez que les camps de réfugiés qui bordent la frontière thai-birmane ont été érigés pour eux, lorsque pourchasses par l’armée, ils durent fuir le pays dans les années 80.


Il existe deux alphabets karens, le roman (latin) et le birman. Tous deux ont été créé au siècle dernier afin de mettre a l’écrit une langue qui ne s’exprimait jusque la qu’oralement.
Le chant, qu’accompagnent aujourd’hui des guitares folks, a permis a une certaine littérature de se maintenir vivante alors que je vous défie de jamais voir un karen danser. Il parait que c’est comme voir la neige tomber sur la Thailande (ce que souhaitent d’ailleurs énormément de thais).
Je terminerai par une note romanesque.
Les karens vivent en groupes relativement restreints et leur nombre n’excède pas la quantité de bouches que pourra nourrir la récolte a venir. Ainsi, il est essentiel que règne une entente cordiale entre les habitants d’un même village.
Pour régler les problèmes que ne peut manquer d’apporter la vie en communauté, le chef du village s’appuie sur un conseil des sages pour décider du sort des villageois pris en défaut. Et jusqu’il y a peu de temps encore, chaque village avait son tueur, charge de régler son compte au membre déviant pour le bien du plus grand nombre…

Retour-Rentree-Routine

Après plusieurs semaines de pieux silence, retour a la relation d’une vie désormais convenablement installée dans une certaine routine.
D’ailleurs, le mois de septembre est propice aux retours, ces recommencements annuels et systématiques, calques sur l’agenda scolaire.
En y réfléchissant, je me rend compte que c’est a cela que j’aspirais depuis mon arrivée en Thailande, au quotidien. La sensation que chaque jour est l’occasion d’apporter une nouvelle pièce a un édifice ordonne, dont la symétrie essentielle est garantie par la répétition formelle d’une vie organisée.
Dans un univers homogène, formé autour du respect d’un emplois du temps établi de façon raisonnable, les erreurs d’un jour sont rectifiées le lendemain ou le mois prochain, en vertu de cette longue rallonge que constitue la continuité routinière.
En effet, la période durant laquelle s’exerce notre emplois du temps n’apparaît non plus comme une succession d’unités de temps (jours), mais comme un système inclusif ou le jour semble s’étendre sur une semaine, un mois, cinq ans même.
Si l’on considère qu’il s’agit la d’une conception vertueuse de notre relation au temps, alors la vie parait infinie et ce que nous n’avons pu faire la veille, nous pourrons le faire un lendemain qui peut être aussi bien la semaine prochaine que dans un an.
Cela n’empêche pas de briser cet ordre que certains perçoivent certainement comme une limite a la liberté ou l’assurance d’un ennui inéluctable. Au contraire, rien ne me parait plus sain que de décider spontanément un changement de programme ponctuel, a condition qu’il n’empeche pas le retour a ce qui constitue indéniablement une source d’équilibre.
Enfin, je ne vous ferai pas l’affront d’oublier que la routine a Mae Sot, ville frontalière entre la Thailande et la Birmanie, ou métro est un mot exotique désignant peut-etre une réalité astronomique, ne correspond pas forcément au train-train parisien. Néanmoins, se lever tous les jours a la même heure et se consacrer chaque matin aux mêmes rites hygiéniques sont des choses que nous faisons en commun…

jeudi 23 août 2007

Kiddos

Comment comprendre mon service de volontariat sans connaître les pensionnaires de Pataravit?



Au nombre de 41, ils sont quasiment tous karens (une pensionnaire est mong). Ils habitent les montagnes alentours, et pour beaucoup, ne connaissent pas grand chose autre que l’école et leur village.

Comme je vous l’ai dit précédemment, leur scolarité est en parti prise en charge par le diocèse, en échange de quoi ils accomplissent des travaux pour l’entretien de l’école. Leurs parents sont, pour la plupart agriculteurs, et leurs revenus relativement limites.

Pour accéder a cette éducation, ils ont passe un test d’autant plus difficile qu’ils ne bénéficient généralement au préalable que d’un enseignement très succinct. En effet, dans les écoles gouvernementales des montagnes, les enseignants préfèrent souvent payer des villageois pour faire cours a leur place, se satisfaisant d’un moindre salaire mais du plus grand confort de la vie en ville.

La générosité de l’accueil qu’ils m’ont fait et la simplicité avec laquelle ils m’ont accepte m’ont permis de très vite me sentir bien en leur compagnie. Ils m’ont tout de suite dote d’une autorité que même mon petit frère ne m’a jamais reconnu et je me suis immédiatement senti investi de responsabilités.





A la suite de la démission du professeur encadrant les garçons la majeure partie du temps, mon rôle s’est étoffe, et je suis désormais celui qui veille a ce qu’ils se réveillent a l’heure, se douchent en fin de journée et soient couches a 9h30 (une autre professeur s’occupe des filles).

Du fait de leur docilité, ses devoirs paraissent doux et ne revêtent pas les contraintes qu’ils ne manqueraient pas d’engendrer avec des petits français.




Par ailleurs, les enfants sont mes véritables professeurs de thai. Bien que j’essaie souvent de ne leur parler qu’en anglais, afin que leur oreille s’y fasse, ils me répondent généralement en thai et tentent tant bien que mal de me mimer ce qu’ils veulent dire lorsque je ne les comprends pas.




Ils s’appellent Duang Can (Lune), Cheu Chay, Pichette, Pii Chay, Nuntikan, Chutima ou encore Mary, sont fans de pop thai et me gratifient tous les matins d’un sempiternel “Good morning Teacher, how are you?”

Les cours du soir se déroulent dans le calme et la bonne humeur. Nous nous partageons les élèves, Miss Na (professeur qui s’occupe des filles) et moi, et leur faisons faire des révisions de grammaire lorsque nous ne les aidons pas a faire leur “homework”. Pour ma part, je m’occupe des plus grands (Matayong 3, 4 et 5, cad 3e 2nde 1e).



De temps a autre je chausse ma guitare et nous tentons de chanter des vieux tubes de mon maigre répertoire. La dernière en date, Father and son de Cat Stevens.

vendredi 3 août 2007

Winamyeh 30/08/07


Trois volontaires et un envoyé de mission d’Enfants du Mekong m’invitent a les accompagner jusqu’a un village perche dans les montagnes.
Je saisis l’occasion de découvrir un peu plus le terrain sur lequel se déroulent les missions humanitaires auprès du peuple karen.
Nous partons de bonne heure en 4*4 et faisons près de 3 heures de trajet, dont 2 sur piste. Les paysages sont magnifiques. Des dégradés de verts a perte de vue, a mesure que nous grimpons et que l’horizon s’élargit.


Nous traversons quelques ruisseaux. Heureusement, il n’a pas plu ces derniers jours et nous parvenons sans soucis jusqu’a notre première halte, a 3 heures de marches de Winamyeh.

Nous laissons le 4*4, nous chargeons de nos sacs et sommes fins prêts a l’ascension de ce que je peux difficilement appeler des montagnes. Parlons plutôt de hautes collines. Néanmoins, l’effort est rude et certaines pentes abruptes.



3 heure plus tard, nous y sommes. Des villageois nous conduisent jusqu’a la maison du Chef (il est aussi le Catéchiste, l’Epicier, le Maire aux yeux des autorités thaïes, etc.).

La maison du chef, une habitation typique karen: cabane construite sur pilotis, au dessus de la porcherie, ou cohabitent cochons, poules, coqs et vaches.



Une fois rafraîchis, nous faisons un tour jusqu’a l’école, construite en parti a l’aide de fonds dispenses par EdM (Enfants du Mekong). Un instant j’imagine passer ma scolarité sur ce site, a quelques mètres d’un troupeau de vaches qui broute l’herbe du terrain de foot, profitant chaque jour d’une vue imprenable sur les montagnes alentours. Certainement que les karens sont un peu poètes..




Le Chef nous propose de prendre une douche, dans une salle de bains a laquelle nous accédons par l’arrière de la maison. Pendant que je prends la mienne, un jeune s’est installe par terre avec les autres volontaires afin de déguster une bouteille d’alcool de riz.

Il habite Bangkok et y travaille dans un restaurant brésilien ou il gagne deux fois le salaire qu’il percevait en tant qu’instituteur a Winamyeh. Il est de retour dans son village pour le week-end (4 jours dont 2 fériés selon le calendrier bouddhiste – Dharma day).

Selon la tradition, lorsque l’hôte ouvre une bouteille de whisky karen (alcool de riz), il sert un verre qu’il distribue selon son bon vouloir jusqu’a ce que la bouteille soit terminée.
Il emploie le même verre pour tous, et nous ne buvons donc pas simultanement. La regle veut que nous devons boire la première et la dernière gorgée du verre que l’on nous offre, mais que l’on peut faire boire ses voisins dans l’intervalle.

Revenons au temps du récit. Je reviens de ma douche, après trois heures de marche. Suis un peu fatigue, mais me sens relaxe par le contact de l’eau fraîche. Je m’assoies avec les autres et l’on me sert un premier verre d’alcool de riz que je dois boire cul sec (c’est le premier). On m’en sert un deuxième, un troisième...
Ce qui devait arriver arrive, je suis saoul, comme mes compagnons d’ailleurs.

Pour le dîner, on nous sert un festin, pour lequel on a égorgé puis plume deux poules a quelques mètres de notre beuverie. Les plats que l’on nous sert sont assez différents de ce que l’on trouve en plaine, et encore plus épicés.


A 8 heures je m’effondre alors que mes compagnons continuent de discuter bien qu’ils aient refuse qu’on ouvre une nouvelle bouteille de whisky.