jeudi 23 août 2007

Kiddos

Comment comprendre mon service de volontariat sans connaître les pensionnaires de Pataravit?



Au nombre de 41, ils sont quasiment tous karens (une pensionnaire est mong). Ils habitent les montagnes alentours, et pour beaucoup, ne connaissent pas grand chose autre que l’école et leur village.

Comme je vous l’ai dit précédemment, leur scolarité est en parti prise en charge par le diocèse, en échange de quoi ils accomplissent des travaux pour l’entretien de l’école. Leurs parents sont, pour la plupart agriculteurs, et leurs revenus relativement limites.

Pour accéder a cette éducation, ils ont passe un test d’autant plus difficile qu’ils ne bénéficient généralement au préalable que d’un enseignement très succinct. En effet, dans les écoles gouvernementales des montagnes, les enseignants préfèrent souvent payer des villageois pour faire cours a leur place, se satisfaisant d’un moindre salaire mais du plus grand confort de la vie en ville.

La générosité de l’accueil qu’ils m’ont fait et la simplicité avec laquelle ils m’ont accepte m’ont permis de très vite me sentir bien en leur compagnie. Ils m’ont tout de suite dote d’une autorité que même mon petit frère ne m’a jamais reconnu et je me suis immédiatement senti investi de responsabilités.





A la suite de la démission du professeur encadrant les garçons la majeure partie du temps, mon rôle s’est étoffe, et je suis désormais celui qui veille a ce qu’ils se réveillent a l’heure, se douchent en fin de journée et soient couches a 9h30 (une autre professeur s’occupe des filles).

Du fait de leur docilité, ses devoirs paraissent doux et ne revêtent pas les contraintes qu’ils ne manqueraient pas d’engendrer avec des petits français.




Par ailleurs, les enfants sont mes véritables professeurs de thai. Bien que j’essaie souvent de ne leur parler qu’en anglais, afin que leur oreille s’y fasse, ils me répondent généralement en thai et tentent tant bien que mal de me mimer ce qu’ils veulent dire lorsque je ne les comprends pas.




Ils s’appellent Duang Can (Lune), Cheu Chay, Pichette, Pii Chay, Nuntikan, Chutima ou encore Mary, sont fans de pop thai et me gratifient tous les matins d’un sempiternel “Good morning Teacher, how are you?”

Les cours du soir se déroulent dans le calme et la bonne humeur. Nous nous partageons les élèves, Miss Na (professeur qui s’occupe des filles) et moi, et leur faisons faire des révisions de grammaire lorsque nous ne les aidons pas a faire leur “homework”. Pour ma part, je m’occupe des plus grands (Matayong 3, 4 et 5, cad 3e 2nde 1e).



De temps a autre je chausse ma guitare et nous tentons de chanter des vieux tubes de mon maigre répertoire. La dernière en date, Father and son de Cat Stevens.

vendredi 3 août 2007

Winamyeh 30/08/07


Trois volontaires et un envoyé de mission d’Enfants du Mekong m’invitent a les accompagner jusqu’a un village perche dans les montagnes.
Je saisis l’occasion de découvrir un peu plus le terrain sur lequel se déroulent les missions humanitaires auprès du peuple karen.
Nous partons de bonne heure en 4*4 et faisons près de 3 heures de trajet, dont 2 sur piste. Les paysages sont magnifiques. Des dégradés de verts a perte de vue, a mesure que nous grimpons et que l’horizon s’élargit.


Nous traversons quelques ruisseaux. Heureusement, il n’a pas plu ces derniers jours et nous parvenons sans soucis jusqu’a notre première halte, a 3 heures de marches de Winamyeh.

Nous laissons le 4*4, nous chargeons de nos sacs et sommes fins prêts a l’ascension de ce que je peux difficilement appeler des montagnes. Parlons plutôt de hautes collines. Néanmoins, l’effort est rude et certaines pentes abruptes.



3 heure plus tard, nous y sommes. Des villageois nous conduisent jusqu’a la maison du Chef (il est aussi le Catéchiste, l’Epicier, le Maire aux yeux des autorités thaïes, etc.).

La maison du chef, une habitation typique karen: cabane construite sur pilotis, au dessus de la porcherie, ou cohabitent cochons, poules, coqs et vaches.



Une fois rafraîchis, nous faisons un tour jusqu’a l’école, construite en parti a l’aide de fonds dispenses par EdM (Enfants du Mekong). Un instant j’imagine passer ma scolarité sur ce site, a quelques mètres d’un troupeau de vaches qui broute l’herbe du terrain de foot, profitant chaque jour d’une vue imprenable sur les montagnes alentours. Certainement que les karens sont un peu poètes..




Le Chef nous propose de prendre une douche, dans une salle de bains a laquelle nous accédons par l’arrière de la maison. Pendant que je prends la mienne, un jeune s’est installe par terre avec les autres volontaires afin de déguster une bouteille d’alcool de riz.

Il habite Bangkok et y travaille dans un restaurant brésilien ou il gagne deux fois le salaire qu’il percevait en tant qu’instituteur a Winamyeh. Il est de retour dans son village pour le week-end (4 jours dont 2 fériés selon le calendrier bouddhiste – Dharma day).

Selon la tradition, lorsque l’hôte ouvre une bouteille de whisky karen (alcool de riz), il sert un verre qu’il distribue selon son bon vouloir jusqu’a ce que la bouteille soit terminée.
Il emploie le même verre pour tous, et nous ne buvons donc pas simultanement. La regle veut que nous devons boire la première et la dernière gorgée du verre que l’on nous offre, mais que l’on peut faire boire ses voisins dans l’intervalle.

Revenons au temps du récit. Je reviens de ma douche, après trois heures de marche. Suis un peu fatigue, mais me sens relaxe par le contact de l’eau fraîche. Je m’assoies avec les autres et l’on me sert un premier verre d’alcool de riz que je dois boire cul sec (c’est le premier). On m’en sert un deuxième, un troisième...
Ce qui devait arriver arrive, je suis saoul, comme mes compagnons d’ailleurs.

Pour le dîner, on nous sert un festin, pour lequel on a égorgé puis plume deux poules a quelques mètres de notre beuverie. Les plats que l’on nous sert sont assez différents de ce que l’on trouve en plaine, et encore plus épicés.


A 8 heures je m’effondre alors que mes compagnons continuent de discuter bien qu’ils aient refuse qu’on ouvre une nouvelle bouteille de whisky.