lundi 23 juillet 2007

Mae Sot slam

21/07/07

J’ai été si bavard dans mon dernier message, que je me propose ici de ne mettre presque que des photos. Après avoir explique, bien évidemment, le pourquoi du comment.

Sister Joy, la supérieure de Sister Emon des Filles de la Charité, m’a demande de l’accompagner afin d’assister a l’école du samedi du mini bidonville de Mae Sot.

Les enfants sont musulmans, leurs parents n’ont pas même de quoi payer leur scolarité. Pour la plupart, ils n’ont pas de travail et préfèrent souvent envoyer leurs enfants faire les poubelles qu’a l’école.

Ces cours du samedi existent depuis maintenant trois ans. Bien que Sister Joy aie d’abord eu quelque mal a convaincre les familles de ses bonnes intentions, son école est aujourd’hui appréciée de toute la communauté.



Melaa 1 - 14/07/07

Près d’une heure et demi de trajet en sang-tewo (système local de transport en commun = pick-up dont l’arrière est aménagé de telle manière a ce qu’une douzaine de personnes puisse s’asseoir en se faisant face, de part et d’autre du véhicule) nous mène, Sister Emon et moi, au camps de réfugiés de Melaa, a proximité de la frontière avec le Myanmar.


Sister Emon fait parti de la Congrégation des Filles de la Charité, dont la maison mère est la Chapelle de la Médaille Miraculeuse, rue du Bac a Paris.

Quelques kilomètres avant notre point d’arrivée, le sang-tewo s’arrête, des ouvriers agricoles habilles de guenilles descendent. Ils empruntent un sentier qui mène a la montagne et la rivière qui sépare la Thailande du Myanmar. Le véhicule démarre avant de freiner de nouveau un peu plus loin, a la vue d’un check point. Des soldats thais nous barrent la route, vérifient nos papiers puis nous font signe de passer.

A l’entrée du camps, des jeunes gens nous accueillent et proposent de nous décharger des vivres que Sister Emon a emmenés avec elle.


Nous passons un portail en barbelé et nous engageons dans un sentier boueux. Nos aides nous conduisent jusqu’a la chapelle, ou l’on se prépare a célébrer un mariage katchean (nom d'une tribu montagnarde). Nous sommes convies et des paroissiens s’empressent de nous présenter des chaises ou nous pouvons nous asseoir.

Certains s’approchent de nous, amuses par la couleur de ma peau. Nous nous saluons en nous serrant la main, a la différence des thais qui s’inclinent les uns devant les autres, les mains jointes. Quelques uns parlent anglais, et nous pouvons échanger quelques mots.

L’assistance est issue des diverses tribus chassées de leurs villages dans les montagnes par l’armée birmane: kaya, katchean, karen et autres.

La cérémonie commence (en birman, langue la plus communément parlée dans le camp).
Les futurs maries sont cote a cote, derrière l’autel. Elle en tenue traditionnelle katchean, jupe rouge brodée et haut noir recouvert de pièces d’argenterie sur la gorge.
Il est mis a l’européenne.

Pendant la célébration, elle lui remet une épée en argent, symbole de force, et un sac traditionnel, qu’il porte en bandoulière, représentant les richesses a venir.

Melaa 2 - 14/07/07

Après la cérémonie, on nous fait une place de choix pour le buffet, pendant que les maries rendent visite a leurs plus proches parents présents a Melaa (arrière grande tante et oncle du marie).

La nourriture mêle des plats birmans, chinois et karen. Tout n’a pas l’air particulièrement appétissant et certains mets sont épicés a souhait, mais c’est délicieux.

Une fois que nous avons termine de manger, la cuisinière et ses aides s’empressent de débarrasser la table et d’en monter une nouvelle pour d’autres convives.

Nous commençons alors nos visites des familles du quartier (le camps s’étend sur plusieurs kilomètres ou vivent plusieurs dizaines de milliers de réfugiés). Dans chaque foyer ou nous nous arrêtons, Sister Emon prend des nouvelles des habitants, s’informe de la situation de chacun et laisse un sac de vivres.


Les ruelles que nous empruntons pour nous déplacer sont pleines de boue et particulièrement glissantes, et nous devons parfois marcher plusieurs pâtés de maison pour atteindre notre prochaine halte.


Les familles sont accueillantes et arborent un grand sourire en nous voyant arriver. On nous propose a boire, de l’eau, du café et nous invite a nous asseoir sur les tapis qu’on installe pour nous.

16h00, il est temps pour moi de rentrer. Sister Emon quant a elle, passera la nuit a proximité du camp. On m’accompagne jusqu’a la route ou un sang-tewo s’approche.


Je remercie infiniment mon guide durant cette journée et lui conjure de bien vouloir m’emmener une autre fois.

Le village de Koun Houay

Après avoir emprunte une route de terre sur près de trente kilomètres, nous sommes arrive dans ce petit village, perche sur de basses montagnes a proximité de Mae Sot. Nous y sommes en territoire Karen.

La rizière, principale source de revenus du village:

Mon guide, Koukay, une élève karen de Pataravitaya School (seconde, 15 ans):

Habitation type:

Au milieu du village coule une cascade:

Visite du Wat Houay Toey, temple bouddhiste a proximite de Mae Sot



E= mc2

Tout est relatif. Chaque chose correspond a son environnement et fonctionne selon son domaine d’application.

Ce qui est vrai ici ne l’est pas forcément la-bas, et le signifiant sur lequel on s’accorde a l’Ouest pour designer un objet donné n’est pas le même a l’Est.

Enfin, un billet de 100 dollars n’a pas la même valeur a New York et en Ouzbekistan.

La simplicité existe aussi en France. Des gens y vivent qui sont pauvres et menent un quotidien difficile. Il n’est pas nécessaire de faire des milliers de kilomètres pour trouver la misère.

Néanmoins, je me rends compte qu’a Paris je ne la voyais pas. Ou peut-etre ne la regardais-je pas. Bien évidemment, l’objet de mon séjour en Thailande me pousse a lever le tapis sous lequel se meut une population particulièrement modeste. Et parce que l’on cherche, on trouve. Alors je regrette de n’avoir pas cherche tant que j’étais en France.

En effet, je découvre aujourd’hui un monde dont je ne soupçonnais pas la nature, et qui chamboule ma manière de voir les choses. Je vois des gens qui n’ont pas grand chose, parfois pas même de passeport leur assurant l’asile dans un pays ou un autre, et mes yeux s’ouvrent sur une autre réalité.

Ils m’accueillent comme un chef d’Etat, me donnent a manger, a boire et se réjouissent franchement lorsque je leur dis que c’est délicieux.
Ils ont envie de communiquer et s’évertuent a parler la langue des farangs.

Je suis parfois gêné de tant de sollicitations, de tellement d’hospitalité. Parce que j’ai du mal a accepter le fait que jamais je n’aurais fait de même chez moi, a Paris.

Alors oui, tout est relatif, mais cela n’a pas toujours été comme ça. Les peuples d’Europe aussi, ont été accueillants, hospitaliers. N’est-ce pas? Peut-etre s’agit-t-il d’une spécificité de la campagne, en opposition a la ville?

jeudi 12 juillet 2007

Chambre avec vue:



Mes nouveaux amis..



Songs as keys to life

Cela fait maintenant deux jours qu’a la fin des cours de soutien, le soir, nous travaillons une chanson avec les eleves karens. Hit the road Jack de Ray Charles. Ce qui a d’abord attire mon attention, c’est la difficulte qu’ils avaient tous a se conformer au rythme du morceau, rapide il est vrai, mais relativement simple. Neanmoins, a la messe le lendemain, je tentai de suivre un chant grace a la traduction phonetique que l’on m’a confiee, et je realisai que le rythme employe dans la musique thai traditionnelle, n’a rien a voir avec celui du blues.
Une nouvelle lecon de decentrement donc, propre a me faire ouvrir les yeux sur la nature occidentale, et meme tres americaine de l’heritage blues dont je suis investi (les plus grands coupables etant mon frere Nicolas et donc, mon cousin Julien).
“Decentrement”, un terme qu’emploie un professeur canadien a la retraite, en Thailande, pour exprimer la singularite de la litterature thai, dans un court essai du meme nom.
(Un de ses albums dont on ne se lasse pas d’ecouter chaque morceau:
Songs in the key of life, Stevie Wonder)

Pataravitaya school en images







mardi 10 juillet 2007

Mii power

Expression commune pour signifier que l’on dispose de beaucoup d’energie (mii = avoir).
Hier, 9 juillet, j’ai donne mes premiers cours. Dans l’ensemble tout c’est bien passe, malgre que le professeur charge de me guider et m’accompagner durant les cours ne m’ait donne de manuel scolaire que deux heures avant ma premiere heure.
Cette premiere heure de cours, je l’ai passe en compagnie d’une classe de matayong 5 (qu’on appelle Mo 5), l’equivalent de la premiere en France. Les eleves ont ete plutot calme et nous avons fait connaissance dans la bonne humeur.
Pour le moment, j’ai 15 heures de cours par semaine, ce qui reste tout a fait raisonnable, bien que la preparation de chaque lecon me demande beaucoup de temps.
J’enseigne a des eleves des Mo 3, Mo 4 et Mo 5 (3e, 2nde et 1ere), et le soir je donne des cours de soutien aux enfants Karens.
Les enfants Karens sont issus des nombreux villages des montagnes avoisinantes. Leurs familles etant tres pauvre, c’est l’ecole qui veille aux frais de leurs scholarites. Ils sont un peu plus de 40 a vivre en pension complete a l’ecole. Ils ont entre 11 et 18 ans et ne rentrent que tres rarement chez eux. Plus d’infos sur la situation des Karens bientot.

Feeling blue (06/07/07)

Dire que je me sens seul, je n’en ai pas envie, mais il faut bien le reconnaitre. Seul parce qu’etranger encore, a toute la vie qui s’anime autour de moi, aux rires detonnants, aux tons de cette langue que je ne comprends pas.
Francais ridicule, a des kilometres de tout ce qu’il connait, et pourtant si proche de la sieste que font les eleves du jardin d’enfant apres le dejeuner. Si familier des conversations complices, au fond de la classe, dans le dos de la maitresse. Des pas legers qui menent au cours de sport ou encore de la gene que montrent les jeunes filles en s’approchant de la piscine.

Arrivee au lieu de mission

A la veille du 07/07/07, je me suis installe a l’ecole de Pataravit ou je sejournerai pendant pres d’un an.
Il y a des enfants partout, dans une enceinte dont la superficie totale est comparable a l’etendue du Trocadero (au niveau qui jouxte la place).
Presque 1700 eleves qui me devisagent lorsqu’ils me rencontrent, detournent leur visage pour rire sous cape, ou pour les filles, se recoiffent devant un mirroir imaginaire, de cote, pour arborer finalement leur plus beau sourire.
Qui suis-je pour susciter tant d’egards, de reactions? Un farang (comprendre occidental), sur les deux que compte l’ensemble des professeurs et des eleves.

dimanche 1 juillet 2007

Pas evident de raconter un quotidien plus simple et sobre, apres le bonheur de montrer ces petites bouilles.

Enfin, il me reste trois jours de cours de thai, a raison de deux heures par jour, avant de prendre le bus qui me menera a Maesod, ou je passerai d’eleve a enseignant.

De ma chambre a la maison regionale des MEP a Bangkok, enseigner l’anglais a des enfants dont je ne parle pas la langue correctement, me parait relativement delicat, si ce n’est franchement complique.
D’autant plus que j’ai eu l’occasion de visiter une ecole paroissiale de Khlong Toei, ou j’ai pu assister a deux heures de cours d’anglais. Lorsque je me suis presente, debout, face a pres d’une cinquantaine d’eleves de 11 ans, et que j’ai compris que mon anglais leur paraissait du chinois, une sueur d’angoisse s’est logee dans le bas de ma nuque. Je me suis vu quelques semaines plus tard, essayant desesperemment de me faire comprendre, d’abord en anglais, puis tres vite dans un terrible thai, tentant confusemment de mettre a contribution les quelques formules apprises a Bangkok.

Neanmoins j’ai confiance et suis persuade que meme s’ils devront peut-etre m’enseigner un peu plus de thai dans un premier temps, mes eleves finiront immanquablemment par progresser en anglais…