lundi 25 juin 2007

Khlong Toey



En bordure du Chao Phraya, une fois passee la voie express dans le quartier du Port, se dressent des murs prefabriques couverts de pieces de tole. Une ville dans la ville ou cohabitent des milliers de familles a proximite d’une voie ferree, lieu d’exercice privilegie pour de nombreux petits commercants. Certains l’appellent le bidon-ville, d’autres s’en tiennent a Khlong Toey, du nom du canal qui traverse cette partie du sud de Bangkok.
C’est ici que Point Coeur (http://www.pointscoeur.org) s’est etabli, au milieu des familles nombreuses qui peuplent les rives de l’etroit cours d’eau. Une maison, ou des murs du moins, qui abritent trois jeunes filles volontaires, depuis pres de dix mois pour la plus ancienne.

Elles nous accueillent a la mode thai, en nous proposant a boire apres nous avoir montre ou s’assoir. Quelques minutes plus tard, une petite fille entre avec son petit-dejeuner dans les mains: du poulet aux legumes a l’air succulent. Elle s’installe, sourire aux levres et commence de se nourrire tandis que “les filles point coeur” (expression consacree) nous expliquent leur emplois du temps que charge ne suffit pas a qualifier pertinnement.
Leur quotidien se deroule au contact de la population, des plus jeunes aux plus ages, jouant avec les uns, rendant visites aux autres. Les familles alentours viennent les voir comme on s’adresse a une personne de confiance, prete a aider. Elles ont su se faire apprecier de tous et s’appliquent a faire en sorte que cela ne change pas.



Une petite bouille fait son apparition, c’est Faa, Bleue ciel en thai. Tres vite suivie de Bart, petit garcon de six-sept ans, dont le frere ne viendra pas aujourd’hui.
On joue aux legos, aux mikados. On se prend en photo et on s’amuse de nos airs. “Suaj suaj”, comprendre tres belle, la repetition d’un adjectif exprimant son intensite.

Il est 10h30 lorsque les filles decident de nous mener vers l’air de jeu avec une nouvelle arrivante, Oo, une jeune handicapee mentale qui se rejouit a l’idee de nous accompagner. Sur le chemin, des bambins se jettent dans nos bras, pas timides pour un sou. Ils sont pieds nus pour la plupart, alors que part terre une pellicule d’eau noiratre, vestige des pluies torrentielles de la veille, a nous parait decourageante.



On joue a se sauter dessus depuis les obstacles qui formaient jadis un parcours sportif, on se pousse sur les balancoires rafistolees a l’aide de vieux fauteuils dechires et on rit aux eclats. On s’amuse bien.



Les enfants se mettent en cercle pour entonner la chanson en se frappant les mains successivement “Dans ma maison sous terre… o mallet o mallet… o day o day o ouistiti o day o day o ouistiti…”



Un autre refrain de mon enfance me vient en tete, que tous les enfants de la terre mettent en pratique instinctivement: “Il en faut vraiment, vraiment peu, oui vraiment peu pour etre heureux…”

Il est 12h passees et nous sommes epuises. Nous visitons un lieu d’accueil pour enfants des rues, Baan ChivitMai, fondee par une missionaire suedoise en 1989, avant de satisfaire nos appetits respectifs.

On discute beaucoup du quotidien dans le quartier. Le “khaaw phat kay” est excellent (riz frit dans des epices avec du poulet), et coute 20 bahts la portion. C’est a dire moins d’un demi euro, qui suffit largement a nos besoins.

A trois heures, nous prions le rosaire a la maison Point Coeur, avant de prendre le chemin de bangkok, une autre ville assuremment...

Bangkok de haut

Pourquoi un blog?

Pour donner un appercu du service de volontariat, comme une fenetre ouverte sur un moment de vie qui sort de l’ordinaire.
Pour temoigner d’une experience unique et rendre compte des pensees qui nous habitent lorsqu’on est confronte a l’Autre, des emotions qui nous gagnent parce qu’etre humain.

Une facon pour ceux qui le desirent de m’accompagner par la pensee au gres des photos, des descriptions et des reflexions que j’ajouterai regulierement.