mardi 5 février 2008

Je ne m’excuserai plus de ce que j’ecris

Apres huit mois a l’autre bout du monde, je vois combien une correspondance soutenue est difficile a entretenir.

J’y vois le malaise que l’on peut eprouver face a la distance, le soupcon que quoique l’on dise, on soit a cote. Que l’on ne parvienne pas a etre juste, a dire ce que l’autre attend de nous.

Je suis conscient que nous evoluons dans un monde ou les moyens de communication n’ont plus rien a voir avec ceux du long siecle dernier. Que le courrier traditionnel n’a plus qu’un role quasi folklorique, en ce qu’il correspond aux annonces publiques des evenements qui rythment l’existence d’un homme, d’une famille, d’un groupe ou d’un ensemble. Enfin, que l’on ne s’ecrit plus pour s’epancher en de longues lettres langoureuses.
Bien que l’on puisse considerer que le courrier electronique contribue a une renaissance des liens e-pistolaires, et que les messageries instantanees paraissent un pendant aux billets et pneumatiques que nos parents connurent, il semblerait que le temps que l’on accordait alors a son interlocuteur se limite aujourd’hui a quelques formules de politesses et l’evocation de details pratiques, traitant de reunions a venir.

Le temps que l’on prenait a revenir sur soi pour partager les evenements marquants ou non, de notre existence quotidienne, avec son/ses correspondant(s) a diminue d’autant que la vitesse de transfert des messages depuis l’avenement de la toile.

Doit-on y voir un defaut de remise en question, ou meme plus simplement, de repertoire des choses de la vie. Peut-etre un risque de perdre trop vite une memoire dont la valeur est moindre au pays de l’instantane. D’ailleurs pour les souvenirs, il y aura toujours les photos.
Ou serait-ce que l’epanchement ait trouve un nouveau mode d’expression dans la redaction de blogs. Un compromis habile entre intimite et exhibition, exclusivite et diffusion, la voie linguistique de mon rapport au monde. Enfin l’occasion d’offrir a tous, et a peu de frais, ce qui fait que je suis moi.

Il s’agit surtout de comprendre que nous avons tous besoins d’interlocuteurs. Que nous ne pouvons pas assumer, seuls, le poids du monde.
Etre ecoute, sans forcemment que l’autre/les autres ne reponde(ent). Partager des sentiments, des emotions. Le gout d’un roman ou d’une culture. Celui d’un film ou d’une idee, d’un morceau d’etoffe ou d’un tas de pierres. Rechercher en l’autre une garantie qu’on lui est bien apparente, et qu’il est bien homme comme nous le sommes.
Freres.

2 commentaires:

dastalenia a dit…

magnifique ton texte sur le partage des sentiments, des ressentis, des émotions. à moi cela me paraît vital, et j'aime lire ton écriture... et puis j'aime l'idée de l'écoute, et l'écoute tout simplement. Mais on ne sait pas toujours bien écouter... là est la question. écouter? entendre?....cette attention à l'autre, cette disponibilité, ce temps pour l'autre? pas toujours évident !

Anonyme a dit…

À l'heure où les moyens de communication sont mis à notre service afin de communiquer "mieux" et "plus rapidement", ne devrions nous pas faire un constat pour le moins alarmant et paradoxal, à savoir que l'on s'écoute moins`

Alors même que la Communication qui a pour finalité première l'échange, doit passer par un vecteur nécessaire et essentiel pour que l'on puisse parler pleinement de celle-ci. Ce vecteur n'est autre que l'écoute, mais, commutative

Or force est de constater, et, je pense que l'on se rejoint sur ce point. L'homme n'a point perdu l'usage de la parole loin s'en faut, et en abuse sans doute trop. En revanche il laisse choir un de nos cinq sens primordial, qui est l'ouïe

Celui là même qui nous permet au terme d'un dialogue ( équation; 2 personnes s'exprimant, et s'écoutant, donc rapport de réciprocité), de confondre, affronter, échanger, nos belles créations, appréhension, joie...... et qui n'a pour seul but ultime que le Partage, et on n'a trop tendance à l'oublier

Merci à toi de nous le rappeler